Fondation
Dès 1808, sous l'influence napoléonienne, les élèves du Collège académique sont astreints à des exercices militaires et au port d'un uniforme. La création d'une batterie de tambours et d'une fanfare date de la loi sur l'Académie et les Collèges classiques de 1837. Les fifres ne semblent pas avoir eu d'existence indépendante, ainsi qu'en témoigne ce passage de Découverte du Monde de C.-F. Ramuz, entré au collège en 1887 : "J'avais une casquette à olive verte et blanche : les collégiens d'aujourd'hui continuent à la porter. J'ai eu plus tard un uniforme dont les collégiens d'aujourd'hui ont perdu sans doute jusqu'au souvenir, avec un pantalon gris de fer, une tunique bleu sombre à boutons dorés, un ceinturon dont la boucle de fermeture, dorée également, était une reproduction de l'écusson cantonal ; et la fanfare avait un plumet blanc et les tambours un plumet rouge. C'était le Corps des cadets." Les cadets sont supprimés à Lausanne en 1897. Nostalgique, mais sans vouloir ni pouvoir les ressusciter, le directeur du Collège Classique Cantonal, Edouard Payot, qui aime les célébrations, les manifestations collectives et la tenue, prend l'initiative de fonder en 1902 un groupe de fifres et de tambours qui réunit les élèves du Collège classique et de l'Ecole industrielle. Il n'est plus question d'uniforme ; les musiciens portent sur la casquette une lyre, "emblème un peu ironique de notre spécialité" note M. Combe, un des premiers fifres. Les plumets rouges, autre souvenir des cadets, apparaissent une dizaine d'années plus tard. Le Corps se montre pour la première fois lors du Festival vaudois de 1903. | Grenette, 1916 Ce groupe de tambours de collégiens de Lausanne, photographié devant l'ancien stand de tir de la Pontaise, parcourait les rues pour battre le rappel des citoyens pour voter OUI à l'entrée de la Suisse dans la Société des Nations, le 16 mai 1920. | |||||||||||||||||||||||
Extrait de l'Ă©volution du Corps1928-1929 : A cette Ă©poque, le Corps des fifres des deux Collèges (Classique et Scientifique) rĂ©unissait seulement 8 membres... mais qui Ă©taient d'excellents musiciens... 1930-1932 : L'ambiance fut diffĂ©rente. Les responsables Ă©taient moins perfectionnistes. Le nombre d'Ă©lèves admis au Corps, avec le galon sur la casquette, augmenta rapidement. Le programme des marches fĂ»t rĂ©duit, probablement inconsciemment pour l'instructeur, mais tout cela se concrĂ©tisa, dans la rĂ©alitĂ©, par un corps permanent de 20-30 Ă©lèves. C'est l'Ă©poque de l'introduction des marches de Bâle (90 pas Ă la minute et du fameux cahier des Alte Schwyzer Marchen) pour les occasions de concerts, indĂ©pendamment des dĂ©filĂ©s. CĂ´tĂ© tambours, une mĂ©thode originale (courante dans les fanfares de l'armĂ©e Ă l'Ă©poque) fut introduite consistant Ă Ă©crire les coups de baguette gauche ou droite, les "flas" et les "ras" ou roulements dans des carrĂ©s successifs par signes conventionnels. Cette mĂ©thode de lecture ne donne pas le rythme, qui s'apprenait par cœur. Comme il s'agissait toujours de marches, c'Ă©tait assez rapidement acquis. Ainsi, il n'Ă©tait pas nĂ©cessaire d'apprendre le solfège pour jouer du tambour au Corps des fifres des Collèges. 1933 Ă 1950 : L'instructeur essaie de complĂ©ter le programme un peu dĂ©suet bien qu'Ă©tant composĂ© de valeurs sĂ»res et traditionnelles (marches de Diesbach, Larifla, Dornach, Fanfan-la-Tulipe, les Armourins, etc.). Il compose une marche "des Plumets Rouges", des introductions Ă des airs populaires comme "Auprès de ma Blonde", "La Rose au BouĂ©" et adapte au fifre une marche des grenadiers, Ă©crite pour fanfare des troupes napolĂ©oniennes. Le Corps des fifres se porte bien, en permanence une trentaine d'Ă©lèves en moyenne. Les jeunes Ă©lèves, aspirant au galon, assurent la relève des partants de 16 ans. Certains, peu nombreux, rejoindront Merula, d'autres poursuivront des Ă©tudes de flĂ»te, dont Bossard, le fils du peintre, qui sera professeur au Conservatoire de Berne, et flĂ»te-solo de l'Orchestre de la Ville. D'autres sont devenus des personnalitĂ©s de la vie politique ou culturelle du Pays de Vaud. Citons Jean-Pascal Delamuraz, Jacques Chessex, l'ingĂ©nieur J. Boss, syndic de Renens, les frères Vurlod, dont l'un sera juge cantonal, les avocats Georges Derron, Foetisch, Claude Perret, chirurgien et doyen de la FacultĂ© de mĂ©decine, et tant d'autres. La vie du Corps des fifres se dĂ©roule selon un rythme quasi immuable, au grĂ© de celle des Collèges cantonaux. Promotions au printemps pour le "Scienti", en juillet pour le Classique, avec prise du drapeau. Cortège jusqu'Ă l'Eglise de Saint-François dès la Mercerie, jusqu'Ă la CathĂ©drale dès le Valentin, ou dès le nouveau Collège Classique Cantonal Ă l'avenue de BĂ©thusy en 1937. Port de la casquette obligatoire. Il y avait aussi, en juillet, les cortèges de la FĂŞte du Bois des Ă©coles primaires de la Commune de Lausanne, suivie de celle des Collèges oĂą la montĂ©e de la route du Pavement jusqu'Ă Sauvabelin essoufflait les fifres Ă tel point qu'il fallait Ă©courter les marches pour arriver au but. Mais pas question de renoncer Ă jouer Ă cette occasion ! | ||||||||||||||||||||||||
Le premier uniforme1954. Tir fédéral à Lausanne-Ecublens. Cette manifestation attire beaucoup de monde. Frédy Haldy, directeur de la Fanfare, est en relation constante avec tous les corps de musique de Lausanne, voire du Canton. Il est le fournisseur quasi permanent de channes ou plateaux en étain récompensant les lauréats de concours (tir, gymnastique, etc.). Il fait engager par les organisateurs du Tir fédéral la Fanfare des Collèges, qui devient quasiment le corps de musique officiel du Conseil d'Etat. Il faut se présenter en uniforme. Ce qu'il réalise. Dès lors, la Fanfare apparaît en uniforme à toutes les manifestations des Collèges. Cette fois, c'en est trop ! Le Corps des Fifres et Tambours fait figure de parent pauvre avec ses chemises blanches, en été seulement. Les élèves ont un sentiment de frustration. Bien qu'il ne soit plus instructeur, Emile Matthey propose à Pierre Renaud d'intervenir directement auprès du Département de l'Instruction Publique, dont le Conseiller d'Etat en charge est Pierre Oguey. Emile Matthey le connaît bien, ayant été son élève à l'Ecole d'ingénieurs de Lausanne, devenue EPUL, puis EPFL, alors qu'il y était professeur avant d'entrer en politique et d'accéder au Gouvernement vaudois. Le rendez-vous est rapidement pris. Pierre Oguey est sensible aux arguments développés. Il accorde spontanément un crédit de fr. 10'000.– à ce projet à condition qu'un appoint soit apporté, ce qui sera assez rapidement réalisé par les Anciens. Par souci d'homogénéité, l'uniforme est le même que celui de la Fanfare, sauf que ce qui est blanc pour la Fanfare (plumets, guêtres), est rouge pour les Fifres et Tambours. | 1957 - Le premier uniforme | |||||||||||||||||||||||
Evolution de la tenue
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1982 - Le nouvel uniformeUne plongée dans les archives nous apprend que c'est en 1979 qu'est donné le coup d'envoi pour le renouvellement des uniformes du Corps. Le 3 juillet 1980, une petite cellule de travail s'attaque à la réalisation de projets. C'est l'époque où fanfares et autres groupes costumés sont lassés des uniformes impersonnels et optent pour une présentation plus chatoyante. Or, c'est dans le passé qu'il faut chercher la fantaisie, la couleur. Il était donc tout naturel de se tourner vers le passé des Fifres et Tambours, c'est-à -dire vers les Cadets qui eux, portaient un uniforme militaire. L'aquarelle de Louis Curtat, montrant les Cadets défilant dans les rues de la Cité, (Musée historique de l'Ancien Evêché, Lausanne), ainsi que les gravures retrouvées au Musée de Morges, vont servir de base à la conception du nouvel uniforme du Corps des Fifres et Tambours des Collèges lausannois. L'étude de ces documents nous indique que filles et garçons pourraient très bien avoir plaisir à porter un tel habit. Il y a continuité, puisque les collégiens de 1980 portent la casquette que les Cadets des années 1840 arboraient déjà et dont C.-F. Ramuz, entré au collège en 1887 donne la description: "J'avais une casquette à olive verte et blanche". Le processus a ainsi commencé par quelques études dessinées, puis bricolées sur mannequin pour définir une version actualisée de l'uniforme des Cadets. La réalisation définitive a ensuite été confiée à la Maison Schild. Tout ce travail de recherche et d'exécution était passionnant. Il fallait bien sûr que cette nouvelle tenue soit séduisante pour le public, que le groupe prenne fière allure, que ce soit pratique pour les voyages et que les jeunes d'aujourd'hui aient plaisir à l'endosser. Vint enfin le 15 mai 1982. Quel bonheur de voir ce nouvel uniforme prendre vie, de la taille Petit Poucet jusqu'à la taille adulte ! | Cadets lausannois Aquarelle de Louis Curtat 1869-1944 Musée historique de l'Ancien-Evêché, Lausanne | |||||||||||||||||||||||
1982 – Inauguration des nouveaux uniformes, place Saint François à Lausanne. |
Eh ! Oui ! Il arrive qu'il pleuve ! Mais le Corps garde fière allure. | |||||||||||||||||||||||
Voyages : la diversité des ambiances |
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Voyages : les grands décors |
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